Il arrive que parfois, des monstruosités tombent dans l'oubli.
En voici un bel exemple, il aura fallu près de 50 ans avant qu'une enquête soit réouverte pour essayer de comprendre le pourquoi de ce massacre.
En lien, vous trouverez des récits audio de 2 personnes ayant perdu des parents alors qu'eux même n'étaient "heureusement" pas sur place ainsi que celui d'une femme qui elle en revanche à vécu le massacre de l'intérieur.
Pour que l'on n'oublie pas que l'être humain
n'a pas de limite pour le meilleur comme pour le pire.
Lyz
Article du Monde :
Enquête sur une crime de guerre oublié
Les balançoires des jardins ont remplacé les ruines des cours de fermes. Le sang des massacrés ne se lit plus que sur les stèles commémoratives. Et les rescapés en larmes sont chaque année moins nombreux à Maillé (Indre-et-Loire). De la tuerie menée par des militaires allemands, le 25 août 1944, dans ce bourg à 40 km au sud de Tours, il ne reste plus grand-chose.
Presque rien de ce jour d'été où,
loin des liesses de la libération de Paris,
méthodiquement,
124 hommes,
femmes et enfants ont été tués,
un à un,
famille après famille.
Même l'histoire a oublié le crime, dans ce creux de vallon de Touraine. Historiens, manuels scolaires, sont peu nombreux à rappeler que dans la hiérarchie macabre des crimes de guerre, en France, Maillé est le deuxième épisode le plus sanglant de la seconde guerre mondiale, après Oradour-sur-Glane et ses 642 victimes.
Un magistrat allemand, pourtant, vient de se saisir du dossier : Ulrich Mass, spécialisé dans la traque des crimes nazis, dans le cadre d'une information judiciaire contre X... pour "crimes de guerre". Le 15 juillet, ce procureur général du parquet de Dortmund, accompagné de deux enquêteurs et d'un traducteur, doit se rendre à Maillé pour une reconnaissance des lieux. Une procédure exceptionnelle en France.
Pas de bataille des mémoires dans cette histoire. Aucune envie de rattraper les honneurs manqués. Mais la volonté judiciaire de comprendre ce qui, soixante-quatre ans après les faits, échappe toujours aux derniers survivants et aux historiens : qui a tué ce jour-là ? A Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), à Tulle (Corrèze), à Villeneuve-d'Ascq (Nord), autres "villages martyrs" de l'époque, malgré des procès imparfaits, des coupables ont été identifiés. Jamais à Maillé.
C'est au matin du 25 août que tout aurait commencé. Quand, après un premier meurtre, une colonne armée marchant au pas se met soudain à tout massacrer sur son passage, puis bloque les accès au village.
Maison par maison,
pièce par pièce,
les soldats traquent alors les civils,
les tuent à bout portant,
jettent des grenades dans les caves où ils se sont réfugiés.
Les nourrissons sont abattus,
comme les chiens,
les chevaux,
les vaches.
A midi, les militaires se retirent. Ceux qui ont réussi à leur échapper croient à la fin du cauchemar.
Mais à l'aide de deux canons postés autour du village,
80 obus sont alors tirés
sur la soixantaine de maisons qui composent Maillé.
Des tirs sporadiques,
pendant plus de deux heures.
Des sentinelles postées autour du village mitraillent
ceux qui tentent de sortir de leurs abris pour échapper aux bombes.
Sur les 600 habitants du bourg et de ses alentours, 124 perdent la vie. Parfois des familles entières, dont les noms s'égrènent aujourd'hui sur les pierres tombales du cimetière. Malgré la précision de ce récit, aucune enquête, aucun historien n'a pour l'instant réellement réussi à déterminer quelle unité allemande avait commis le massacre.
Dans les heures qui ont suivi le drame, la gendarmerie a bien entamé une enquête. Mais dans la panique, comme dans de nombreux autres endroits en France, la procédure a été bâclée. Dans les maigres PV de l'époque, aucune trace de douilles, de numéros de canon qui auraient pu permettre d'identifier une unité militaire.
Seules pièces à conviction :
deux billets manuscrits
dont l'un a été retrouvé planté sur un cadavre
avec la mention :
"C'est la punission des terrorists et leurs assistents."
Des billets qui permettent en partie de remonter jusqu'aux éléments déclencheurs de ce massacre. Les jours précédant le drame, plusieurs accrochages ont eu lieu entre des résistants et l'occupant. Dans le courant du mois d'août 1944, des résistants ont aussi fait exploser à trois reprises la ligne de chemin de fer qui traverse le village. Au terme de l'enquête de gendarmerie, un sous-lieutenant de la Wehrmacht - Gustav Schlüter, dont les historiens contestent le rôle - est considéré responsable. En 1953, il est condamné à mort par contumace par le tribunal militaire de Bordeaux, mais il ne sera jamais retrouvé et sa peine ne sera pas exécutée.
Alors, jusqu'en 1994, date du 50e anniversaire du débarquement, les Maillaciens gardent leur peine pour eux.
"Comment vouliez-vous parler de l'abominable ?"
interroge Mauricette Garnier, 9 ans à l'époque des faits, l'une des rares à avoir pu s'échapper du village en plein bombardement. Pendant cinquante ans, les villageois n'ont aucune réponse à leurs questions sur les auteurs du crime. Peu d'attention des gouvernements successifs. Juste une modeste cérémonie commémorative tous les 25 août. Sans discours.
A la différence d'Oradour-sur-Glane, où les ruines ont été conservées, à Maillé, on a reconstruit sur les cendres. Mais, à la fin des années 1990, le besoin de mémoire s'est accru. Un projet de "Maison du souvenir" est lancé, et un jeune historien, Sébastien Chevereau, est détaché du conseil général d'Indre-et-Loire pour s'en charger. C'est en grande partie grâce à lui que l'enquête a lieu aujourd'hui, car c'est en l'entendant, au hasard d'un colloque, à Stuttgart, en 2004, que deux commissaires allemands ont découvert l'affaire.
En France,
les crimes de guerre sont prescrits
au bout de dix ans
même si un projet de loi en navette actuellement au Parlement prévoit d'allonger cette durée à trente ans après les faits. En Allemagne, ils sont imprescriptibles. Et le simple "soupçon" permet de se saisir d'un dossier. C'est donc grâce à cette disposition juridique qu'en 2005 le procureur Ulrich Mass a pu rouvrir le dossier Maillé, ouvert une première fois en 1990, quand l'accès aux archives de l'ONU fut possible, puis clos sur un non-lieu un an plus tard.
Dans cette affaire, ce sont les gendarmes français locaux qui mènent les enquêtes sur le terrain pour le compte de la justice allemande. Depuis 2005, ils ont recueilli sur PV le témoignage de 58 personnes. Un travail de reconstitution délicat à plus d'un titre. Car pour déterminer les unités présentes le 25 août 1944, il faut identifier les uniformes que portaient les soldats. Etaient-ils en noir avec des bottes comme les SS ? Ou en vert comme la Wehrmacht, l'armée allemande régulière ? Avaient-ils des insignes particuliers ? Quels étaient leurs grades ? A ces questions, la plupart des rescapés, souvent enfants à l'époque du drame, ont du mal à répondre.
Les archives à disposition des historiens ont les mêmes lacunes. Parmi les unités qui ont pu passer dans la région ces jours d'août, en pleine retraite allemande, "aucune ne fait mention de Maillé sur son journal de marche, explique Jean-Luc Leleu, chercheur au CNRS de l'université de Caen, auteur de La Waffen SS, soldats politiques en guerre (éditions Perrin, 2007). Alors qu'a priori ce sont des actes dont les soldats pouvaient se faire valoir auprès de leur hiérarchie".
L'hypothèse de plus en plus envisagée par les historiens est qu'en réalité, à Maillé, Wehrmacht et SS, comme dans d'autres endroits, ont fait les basses oeuvres ensemble. "L'image d'Epinal du méchant SS et du gentil officier de la Wehrmacht se fissure", poursuit M. Leleu. Mais rien qui permette, pour l'heure, de désigner des soldats nommément. Au point que M. Leleu est assez pessimiste sur les chances d'aboutir de l'enquête.
Trop tard ? pas trop tard ? Les avis divergent, à Maillé, sur l'issue possible de la procédure judiciaire. Notamment parce qu'elle déclenche la parole de certains. Comme celle de ce rescapé qui s'apprête à confier toute la correspondance de sa mère durant le mois d'août 1944, avant sa mort dans le massacre.
A Maillé,
on ne veut pas forcément des coupables.
Pas forcément faire un deuil
qu'on considère "impossible".
Mais on aimerait "savoir".
Même soixante-quatre ans après.
Elise Vincent
Commentaires
le temps fait son oeuvre...il n'est jamais trop tard.
le temps fait son oeuvre...il n'est jamais trop tard.
Tous ses crimes là doivent bien arranger certaines personnes, hum hum...
Je viens te souhaiter un bon week-end, bisous
Bonjour,
Ton blog est un coup de poing...Très dur par ses images mais juste parce que la réalité l'est tous les jours, et que l'imagination dans l'horreur dépasse tout ce qu'on pourrait imaginer...Je suis toujours désarmée devant ce que l'humain peut faire...
Tu sais Angia, personnellement, je pense que vu le peu de victimes encore vivantes, et vu l'age de celles qui le sont encore, la question de la reconstruction n'est pas leur priorité.
En revanche, le besoin de la reconnaissance du statut de victime est très important pour les victimes qui comme tu l'as dit pourront alors ce dire que "ce n'était pas un cauchemar, c'était bien réel"
Le fait que le gouvernement ne se soit pas impliqué plus pour trouver les responsables ou simplement un pourquoi, te laisse dans un sentiment d'abandon, d'injustice profonde et d'une négation totale de ta souffrance et donc de ta propre existence.
Les victimes encore présentes étaient des enfants à l'époque, y'a de grandes chances pour que la totalité des responsables soit tous déjà sous terre mais comprendre ce qui c'est passé ce jour là donne à chaque nom gravé sur les stèles, à chaque victime encore en vie le statut de victime d'un massacre dont l'existence est enfin reconnu.
Pas de reconstruction, mais plus un soulagement dans la reconnaissance d'une souffrance, d'une douleur qui a été ignorée, de personnes qui ont été sacrifiées au nom d'une idéologie inhumaine.
C'est un peu comme leur dire enfin :
OUI nous reconnaissons ce qui c'est passé, OUI vous êtes des victimes, OUI vous avez souffert et NON nous ne vous oublierons plus car vous ferez enfin partie de l'histoire et du devoir de mémoire qui est le nôtre.
C'est ce qui aurait du être fait, mais notre gouvernement ne considère les crimes de guerre qu'en dessous de 10 ans alors qu'est ce qu'il en a à carrer d'un massacre qui va lui ternir sa petite fête anniversaire du débarquement avec le sang et les larmes de victimes qu'il serait dans l'obligation d'honorer la mémoire.
bisou
lyz
Salut, merci pour ta réponse, je vais faire les liens ce week-end. Je quasiment aussi pessimiste que toi sur cette planete, je pense que la vie sera très dure pour nos enfants et leurs enfants. Merci Messieurs et Mesdames les (très) riches qui devraient faire un peu, beaucoup plus que ce qu'ils font. Bon week-end quand même.
PS : j'ai ma petite idée sur la raison pour laquelle les choses s'empirent mais ils paraît que c'est de la paranoïa, alors ...
c normal qu'on veuille savoir, les années ne comptent pas pour établir une vérité,
pourquoi? pourquoi? rien de plus terrible que cette question sans réponse.
cette question pour un massacre ou une cruauté gratuite se doit d'avoir une réponse,
pourquoi?pouquoi?
les réponses obtenues , ne donne pas le pardon, mais une connaissance qu'on avait besoin de connaître pour se reconstruire enfin, la réponse n'aidera pas a faire un deuil, mais aidera a "accepter" ce qui c passé.
se dire cté pas un cauchemar mais une dure réalité, le fait de savoir est important, je comprends qu'ils veuillent savoir.
bisous
c'est terrible !!!! ma grand mère, la véritable Léokadie JAKUBOWSKA, vivait à Paris à cette époque avec maman, elles ont donc vécu tout ça . Tu pense, avec un tel nom de famille .....mais cette ville, je n'en ai jamais entendu parler !!!!
C'est normal que dans des cas comme ça on veuille savoir.
Euh...des chèque calins ben...z'en ai plus T_T mon ti loulou me les a tous pris hihi ^^
Passes une bonne soirée et une bonne nuit.
Gros bisous
Je te rassure je l'ai découvert moi aussi...
C'est ça qui est le plus triste dans leur histoire, c'est que personne n'en a entendu parler... Faut dire que c'est une date anniversaire importante alors il est probable que leur petits malheurs auraient fait taches aux yeux de beaucoup!!!
Les politiques sont des cons!
lyz
Merci pour cet article commémoratif...
Des questions sans réponses et plus difficile à répondre au fil des jours, des mois, des années.
En tout cas, moi, je n'avais pas connaissance de ce massacre.
++
Cbil
coucou ma petite lyz, je passe te souhaiter une bonne soiree et une douce nuit remplit de jolies rêves...
bisous
sev
Coucou
Non, je n'irai pas, na!
Merci beaucoup pour ton com au sujet de mon anniversaire. C'est vraiment sympa.
Bonne soirée.
Bises.
ah je te comprends bien
on est tous un peu comme ça totue façon ...
le matin moi aussi si on me demande des trucs trop compliqués et que je réponds pas direct on s enerve sur moi alors forcement je m enerve aussi y'en a qui ont le chic d appeler a 7h du mat pour demander plein de truc donc je réponds meme plus na' ^^
quand on se lève on peut pas répondre a plein de question et diserter rrr
c est normal !
et bien sa montre qu'on est quelqun de souriant avec de l 'humour moi je souris tout le temps et je rigole beaucoup donc mes écrits vont avec ma façon d 'être quand je parle tout simlpement
ah je vois tu te moque de moi mais heuuu
coucou!
de quoi que j 'aime pas ?
jamais entendu parlé de ça, c'est un massacre, y a pas d'autre mot.
Gros bisous
j'ai mis un lien vers ton blog......
coucou ma petite lyz
Je passaiste faire un petit coucou...
Mais comme à chaque fois, la lecture de tes articles, me fait... grrr !!!
Alors ton article se passe de commentaire ... on est dans un monde, qui parfois me semble tellement cruelle, tellement horrible..., tellemnt injuste... !!! Que j'ai l'impresion de venir d'une autre planète !!!
Passe une bonne journee
bisous
sev
coucou, çà va ce matin?
Pour le "gentil officier de la Wehrmacht", j'ai des doutes. Un massacre de plus, oublié, qui ressurgit aujourd'hui. Les allemands font du bon boulot actuellement, et ils ne cherchent pas à fuir le passé. Je suis déjà passée à Oradour, l'atmosphère là bas est glaçante, on dirait qu'il y a plein de fantômes
bonne journée
byz
sylvana
je viens de parcourir ton blog..... il se passe de commentaires....je vais revenir pour aller sur les multiples liens...
il y en a un qui m'a remué un peu parce que j'ai été concernée au travers d'un de mes enfants victime d'un instituteur pédophile..c'était avant que la protection des enfants s'humanise.... traumatisme des interrogatoires multiples, des examens, de la mise en doute de sa parole... des menaces de mort pour avoir osé porter plainte... le déménagement pour pouvoir se reconstruire.... le droit des victimes a encore du chemin à faire.....