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Titre du blog : Notre héritage
Auteur : humanite
Date de création : 09-05-2008
 
posté le 13-06-2008 à 19:28:59

Excuses Solennelles d'Ottawa aux Autochtones

J'aimerais rendre Hommage à tous ces Indiens,

massacrés, abusés, humiliés, violentés.

qu'ils soient vivants ou pas.

Ils avaient leurs vies, leurs terres, leurs cultures, leurs croyances.

Tout ou presque leur a été volé, arraché par la force et pourtant,

encore aujourd'hui,

ils demeurent l'un des peuples les plus humains qui soit...

je salue ici leur force et leur courage!


 

Lyz 

 

 

«Les autochtones ont appris à avoir honte de qui ils sont.

Pour cela, nous nous excusons.»

 

 

Phil Fontaine, le chef de l’Assemblée des Premières Nations, aux Communes hier.

 

Photo: Agence Reuters

 

Ottawa -- Le ciel était particulièrement bleu pour tourner une page sombre de l'histoire canadienne. Des centaines d'autochtones, de Métis et d'Inuits se sont rassemblés hier sur la colline parlementaire pour entendre le premier ministre et les chefs de l'opposition offrir des excuses solennelles pour les abus commis dans les pensionnats autochtones pendant près de 100 ans.

Sur le coup de 15h, environ 500 personnes ont écouté les discours retransmis en direct sur un écran géant devant le parlement, alors que des dizaines d'autres membres des Premières Nations avaient envahi les estrades de la Chambre des communes. Une douzaine d'invités d'honneur, visiblement émus, ont eu le privilège d'avoir un siège sur le parterre de la Chambre. Certains, notamment Phil Fontaine, le chef de l'Assemblée des Premières Nations, ont pu s'adresser à l'audience réunie pour l'occasion.

Stephen Harper a été le premier à prendre la parole. «Le gouvernement reconnaît aujourd'hui que les conséquences de la politique sur les pensionnats indiens ont été très néfastes et que cette politique a causé des dommages durables à la culture, au patrimoine et à la langue des autochtones. Bien que certains anciens élèves aient dit avoir vécu une expérience positive dans ces pensionnats, leur histoire est de loin assombrie par les témoignages tragiques sur la négligence et les abus émotifs, physiques et sexuels envers des enfants sans défense», a déclaré le premier ministre.

Le gouvernement fédéral a financé les pensionnats pour les jeunes autochtones dès 1874 avec l'objectif de les assimiler à la culture européenne majoritaire du pays. On les empêchait de parler leur langue et on les coupait de leur culture. Ces 132 établissements, dont 10 au Québec, étaient dirigés par des religieux de différentes confessions, selon la région. La plupart ont fermé leurs portes dans les années 70, mais le dernier pensionnat a cessé ses activités en 1996, en Saskatchewan. Au Québec, celui de La Tuque a fermé en 1980.

Au fil des ans, près de
150 000 étudiants autochtones ont fréquenté les pensionnats. Plusieurs ont été agressés physiquement, psychologiquement et sexuellement. Selon le ministère des Affaires indiennes, il reste environ 80 000 survivants, dont 10 000 au Québec. Leur âge moyen est de 59 ans.

Hier à Montréal, le chef algonquin Jimmy Papatie, de la communauté de Kitcisakik, a éclaté en sanglot en racontant sa propre histoire tragique au pensionnat d'Amos.
«J'avais cinq ans quand je suis parti au pensionnat, a-t-il dit. Je suis sorti de là plein de rage. J'ai consommé. J'ai commis des actes de violence. J'avais 19 ans quand j'ai tenté de me suicider parce que je n'étais plus capable de vivre avec des fantômes. Ca fait du mal de voir un petit gars de cinq ans se faire déchirer l'anus par un prêtre pédophile.
Même l'argent n'effacera jamais ça de la mémoire.
Ce n'est pas le gouvernement qui m'a rendu ma dignité,
c'est ma communauté.»

De l'argent et des excuses

Ottawa s'est timidement excusé en 1998, mais les Premières Nations avaient exigé des regrets plus sentis et des compensations financières. Une entente a été proposée en 2005 par le gouvernement libéral de l'époque, qui a été approuvée en 2007 par les conservateurs, en accord avec les Premières Nations. Ainsi, les anciens pensionnaires ont pu recevoir une indemnité de 10 000 $ pour la première année de fréquentation des établissements et de 3000 $ par année subséquente. Près de 1,3 milliard de dollars ont été déboursés jusqu'à présent par le gouvernement fédéral.

Les autochtones qui ont subi des agressions sexuelles et physiques graves peuvent demander une compensation supplémentaire qui varie entre 5000 $ et 275 000 $. Sur les 80 000 survivants, Ottawa s'attend à recevoir 12 500 réclamations de ce type. En tout, le budget du gouvernement pour réparer les pots cassés dans l'affaire des pensionnats autochtones atteint près de 2,2 milliards de dollars.

Les regrets présentés hier constituent un changement de cap de la part du gouvernement Harper.
En mars 2007, le ministre des Affaires indiennes de l'époque, Jim Prentice, avait soutenu ne pas avoir besoin de présenter de telles excuses. Il semble que le ministre maintenant en charge du dossier, Chuck Strahl, ait réussi à renverser la vapeur.

Hier, le premier ministre a reconnu que «l'héritage laissé par les pensionnats indiens a contribué à des problèmes sociaux qui persistent dans de nombreuses communautés aujourd'hui». Le gouvernement canadien a «échoué» à protéger les enfants autochtones, a-t-il ajouté.

Stephen Harper s'est ensuite adressé aux survivants présents aux Communes. «Le fardeau de cette expérience pèse sur vos épaules depuis beaucoup trop longtemps. Ce fardeau nous revient directement, en tant que gouvernement et en tant que pays.»

Le chef de l'opposition officielle, Stéphane Dion, a ensuite pris la parole. «En tant que chef du Parti libéral du Canada, un parti qui a dirigé notre pays pendant 70 ans, je reconnais notre responsabilité et je m'excuse, a-t-il dit avec émotion. Le Canada fait face à l'un des chapitres les plus sombres de son histoire.» Selon lui, les pensionnats ont été «un système déshumanisant qui a mené aux pires abus».

Gilles Duceppe, le chef du Bloc québécois, a d'abord reproché au gouvernement Harper de ne pas avoir appuyé la Déclaration sur les droits des peuples autochtones de l'ONU, avant d'offrir lui aussi ses excuses aux survivants des pensionnats. Pour le futur, il invite les autochtones «à bâtir l'avenir entre nations».

Le leader du NPD, Jack Layton, a soutenu que tous les Canadiens sont égaux, un principe que la politique sur les pensionnats a bafoué. «Les autochtones ont appris à avoir honte de qui ils sont. Pour cela, nous nous excusons», a-t-il dit.

De la parole aux actes

Les leaders autochtones ont semblé apprécier le geste solennel des chefs des partis politiques.
«J'ai senti de la sincérité, pas du théâtre. C'était profond», a soutenu Clément Chartier, président du Ralliement national des Métis. Ce dernier a toutefois déploré que plusieurs Métis ne soient pas admissibles aux compensations financières du gouvernement. «Il faut garder espoir», a-t-il dit.

Phil Fontaine, le chef de l'Assemblée des Premières Nations, a soutenu qu'il faut maintenant regarder vers l'avenir. «Nous avons toujours été un élément indispensable de l'identité canadienne.»

De leur côté, les chefs autochtones du Québec demandent au Canada de maintenant passer de la parole aux actes pour corriger les
«effets dévastateurs» du système des pensionnats, encore perceptibles aujourd'hui. «Si le gouvernement n'adopte pas des mesures concrètes, principalement envers nos jeunes, ses excuses n'auront aucun sens», a déclaré Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), qui s'exprimait depuis Montréal.

À quelles mesures concrètes songe-t-il? Le chef Picard a répondu en utilisant l'exemple des langues amérindiennes, grandement menacées de disparition.
«Il y a un peu moins de deux ans, ce même gouvernement, celui de M. Harper, diminuait considérablement un budget de 160 millions destiné à la sauvegarde de notre patrimoine linguistique. Il a été facilement démontré que le triste épisode des pensionnats a eu un impact sur les langues autochtones. Il ne reste plus que trois langues avec une bonne chance de survie dans les cinquante prochaines années, trois sur la soixantaine de langues autochtones du Canada.
Dans un geste de bonne volonté, il serait extrêmement utile que le gouvernement Harper reconsidère sa décision.»

La déclaration commune des chefs de l'APNQL rappelle que les victimes ne se limitent pas aux pensionnaires puisque
«la douleur, la haine, la colère et l'incompréhension
se transfèrent d'unenération à l'autre».